L’ÉCOLE DE SAINT-CYR
Rien n'est moins raisonnable que de vouloir que les enfants le soient.
sic Madame de Maintenon
L’école de Saint-Cyr fut sa grande consolation, le plus bel
ouvrage de sa vie. Elle put réaliser, grâce à la bienveillance de
Louis XIV son désir d'accueillir et d'éduquer des jeunes filles pauvres de
la noblesse, pour les former au mariage et à leur vie prochaine dans le monde. Rien
n’était alors plus négligé dans le royaume que l’éducation
des jeunes filles.
Saint Cyr ouvrit ses portes en juillet 1686. Plus de 3100 jeunes filles seront
élevées aux frais de l’Etat. Les pensionnaires étaient admises
entre 7 et 10 ans ; elles en sortaient à l’âge de 20 ans avec une dot
de 3000 livres.
En 1568 Albert de Gondi, Conseiller de la Reine Catherine de Médicis acquit la
ville de Noisy-le-Roi et ses environs. Il décida de construire un château
à la lisière de la forêt.Durant le siècle suivant, avec les
visites des membres illustres de la famille Royale, le village et son château
devinrent l'antichambre de la monarchie Française. En 1686 Louis XIV mis à
la disposition de Madame de Maintenon le château pour en faire un internat pour les
filles pauvres de la noblesse. La Maison Royale pour l'éducation des jeunes filles
était née. Cent élèves y vécurent. Quelques
années plus tard, après Noisy-le-Roi, l'école fut transférée
dans la ville proche de Saint Cyr. (L'origine du village de Saint Cyr vient d'une
colonie de chrétiens établie à proximité du lieu où fut
martyrisé le jeune Cyr, sous Dioclécien.)
La première représentation d'Esther, tragédie composée par
Racine à la demande de madame de Maintenon, eut lieu à Saint-Cyr en 1689 en
présence de Louis XIV. Les représentations sont privées,
réservées à un petit nombre d'élus dont Madame de
Sévigné. Voici ce que Madame de La Fayette écrit dans ses
mémoires: "Mme de Maintenon pour divertir ses petites filles et le roi, fit
faire une comédie par Racine, le meilleur poète du temps, que l’on a
tiré de sa poésie où il était inimitable, pour en faire,
à son malheur et celui de ceux qui ont le goût du théâtre, un
historien bien imitable..."
Une citation de Madame de Maintenon elle même mérite aussi d'être
mentionnée; elle avait pu dire en venant pour la première fois à saint
Cyr:"Ce qui me fait plaisir, c'est que je vois ici ma retraite et mon
tombeau."
Sur cette institution Paul Verlaine quant à lui écrivait: "Quand
Maintenon jetait sur la France ravie L'ombre douce et la paix de ses coiffes de lin
..."
Enfin, sur l'épitaphe composée par l'Abbé Vertot on
pouvait lire"Son corps est resté dans cette maison, dont elle avait
procuré l'établissement. Elle a laissé à l'Univers l'exemple de ses
vertus."
|